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« Avant toute réforme, l’école a besoin d’être analysée par l’ensemble de ses acteurs et protagonistes »

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L’école au centre de l’attention : c’est ce qui nous a été réaffirmé récemment. Le président de la République en fait son domaine réservé et son premier ministre a déclaré vouloir « emmener à Matignon la cause de l’école » qu’il désertait. Mais l’école que leurs projets dessinent n’est pas celle que nous tous, professionnels de l’éducation, partenaires, parents, voulons reconstruire : une école laïque à la hauteur des défis actuels, culturels, écologiques, sociétaux…
Paradoxalement, seule l’éphémère ministre de l’éducation [Amélie Oudéa-Castéra, NDLR.] a bien involontairement mis en évidence cet enjeu sociétal majeur : comment pouvait-elle promouvoir une école de la réussite pour tous en soutenant la ségrégation sociale et scolaire, qui en accroît les inégalités ? Et comment des mesures inégalitaires, décrétées par son prédécesseur à la hâte, balayant l’avis des professionnels, les rapports de l’éducation nationale et les recherches universitaires pourraient-elles nous remettre sur le chemin de l’équité à l’école dont a besoin notre société ?
Ce n’est pas cette école que construit le projet politique actuel. Instrumentalisé par un populisme éducatif passéiste, il s’accompagne de promesses mensongères, formulées à la suite d’une énième dramatisation des résultats PISA : groupes de niveau au collège, brevet devenu examen de passage au lycée, uniforme emprunté aux pratiques anglo-saxonnes ou religieuses, service national universel pour un réarmement civique de la jeunesse, et son « instruction civique »… Des mesures non financées, et qui ne prennent en compte ni les réalités de l’école ni l’hétérogénéité des élèves.
Les derniers résultats PISA ont montré le poids très fort de l’origine sociale dans la réussite scolaire. L’actualité récente a mis le projecteur sur la ségrégation spatiale, sociale et scolaire à l’œuvre. Comment faire vivre la promesse de lutte contre les inégalités d’apprentissage si on trie précocement les élèves, dès la sixième, dans des groupes de niveaux ? Et comment vivre ensemble quand on ne scolarise pas ensemble ?
Le projet d’école du gouvernement, fruit de calculs politiques, sous-estime la faisabilité des mesures annoncées, leur financement, et les recrutements nécessaires. Les groupes de niveaux, en désorganisant établissements et équipes, sapent le principe même du collège unique et le fondement de « la classe », lieu d’apprentissages collectifs, de socialisation, de mixité.
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